Cet étudiant en droit crée en mars 1988, avec quelques amis, le FIDESZ, un parti qui se définit comme libéral, alternatif et radical et qui n'est ouvert qu'aux membres de moins de 35 ans. Il se fait véritablement connaître lors du ré-enterrement solennel d'Imre Nagy le 16 juin 1989. Contrairement aux autres orateurs qui restent très modérés vis à vis du régime de János Kádár, il prononce un véritable réquisitoire contre les communistes.

Aux élections législatives de 1990 gagnées par le MDF, un parti que l'on peut qualifier de traditionaliste et populiste, comme à celles de 1994 gagnées par le parti socialiste converti au libéralisme, l'influence du FIDESZ reste modeste.

Le FIDESZ décide alors une réorientation politique, il abandonne le libéralisme au profit d'un programme nationaliste, populiste et clérical. Il se différencie ainsi clairement des socialistes et compte récupérer les voix des déçus du MDF. Cette conversion porte ses fruits puisque le FIDESZ remporte les élections de 1998. Viktor Orbán devient premier ministre à l'âge de 35 ans. Son parti abandonne alors la limite d'âge de 35 ans au profit de la jeunesse d'esprit.

Cependant durant les deux premières années de la législature, Viktor Orbán poursuit la politique économique néo-libérale de ses prédécesseurs tout en tenant un discours populiste et anti-élites. Puis, les élections approchant, il lance des programmes coûteux destinés à s'attirer la sympathie de la classe moyenne tels que des réductions d'impôts pour les familles ayant des enfants à charge ou des bonifications d'intérêts sur les prêts immobiliers. Il est cependant battu aux élections de 2002.

Le parti socialiste revenu au pouvoir en 2002 et reconduit en 2006 grâce à des promesses inconsidérées qu'il est incapable de tenir s'enfonce alors dans l'impopularité. A son incapacité se joint une corruption des élus et hauts responsables. Lors d'une visite en Hongrie au nom du FMI, Strauss-Kahn estimait qu'elle renchérissait de 30 %les contrats signés par les entreprises avec les collectivités.

En 2010 Viktor Orbán reprend le pouvoir avec une majorité des deux-tiers. Ce qui lui permet tout d'abord de faire adopter une nouvelle constitution. Le texte commence par la phrase suivante : Que Dieu bénisse les hongrois. On y trouve un peu de tout, aussi bien le taux d'impôt sur le revenu fixé à 16 % pour tous que l'interdiction des OGM ou la protection du fœtus dès la conception. Elle prévoit aussi que dans de nombreux domaines les lois ne pourront être modifiées qu'à la majorité des deux-tiers. L'opposition, si elle revient au pouvoir, n'a aucune chance d'atteindre cette majorité

Viktor Orban mène une politique économique qu'on aurait qualifiée de gauche dans le passé. Il taxe lourdement les banques, sociétés d'assurance-vie et autres institutions financières, les grandes entreprises du secteur des télécommunications, de l'énergie et de la grande distribution, entreprises en général détenues par des étrangers ce qui, outre l'intérêt que cela représente pour les finances publiques, flatte le sentiment nationaliste prédominant en Hongrie. Il instaure une taxe à 98 %, au delà d'un plafond de 7300 €, sur les indemnités de licenciement des hauts dirigeants d'entreprises publiques, pour la plupart proches du parti socialiste. Il nationalise les fonds de pensions privés afin de faire rentrer des fonds dans les caisses de l’État. Il rompt les négociations avec le FMI qui veut lui imposer de réduire la taxation des grandes sociétés. Mais il fait aussi passer la durée d'indemnisation du chômage de 9 mois à 3 mois.

Les élections de 2014 approchant il lance une politique de réduction des charges. Non pas les charges salariales mais les charges locatives. Il impose aux fournisseurs de gaz, électricité et chauffage urbain une réduction de leurs prix de pas moins de 25 %. Une véritable aubaine pour tous les hongrois ayant un domicile fixe. Et Viktor Orbán est reconduit en 2014 avec à nouveau une majorité des deux-tiers.

On constate cependant au cours de cette seconde législature un certain essoufflement du FIDESZ. Même si le chômage est tombé en dessous de 7 % de la population active, la pauvreté reste importante dans les campagnes. Et la corruption apparaît au grand jour même si la justice, bien contrôlée par le régime, arrive à étouffer pas mal d'affaires. Ce ne sont pas les socialistes mais le parti d'extrême-droite JOBBIK qui profite de la situation. Il vient de gagner plusieurs élections partielles dont une législative.

Viktor Orbán se doit de réagir. Il considère, certainement avec raison, que l'immigration illégale est un sujet porteur. Sujet qui fait actuellement l'objet de la moitié de la durée du journal télévisé sur la télévision publique. Pas de déni de réalité, les journalistes montrent ce qu'ils voient : les trains pris d'assaut, les cultures détruites sur les lieux de passage, la saleté dans les zone de transit, les voiles islamiques à profusion, les arrestations musclées de passeurs et les troubles divers nécessitant l'intervention des forces de l'ordre. Il est arrivé 2000 immigrés illégaux en Hongrie en 2012. Il en arrive en août 2015 près de 3000 par jour dans ce petit pays de 10 millions d'habitants.

La position de Viktor Orbán est claire. La Hongrie possède une frontière de l'espace de Schengen et elle se doit de la protéger. D'où la construction d'une clôture de 175 km entre ce pays et la Serbie. On aimerait que les autres membres de cet espace en fassent autant. Viktor Orbán estime aussi avoir le droit de décider qu'il ne veut pas d'un grand nombre de musulmans dans son pays. Le souvenir de l'occupation ottomane durant 150 ans reste douloureux chez les hongrois tant le pays fut pillé et détruit. Les livres d'histoire nous présentent pourtant des ottomans bien plus modérés que les islamistes contemporains. Certes ils empalaient bien les opposants mais il n'y avait ni décapitation de masse ni attentats-suicide.

Viktor Orbán est marié, il a cinq enfants, un fils protestant comme son père et quatre filles, catholiques comme leur mère, conformément à une vieille tradition hongroise relative à la répartition des religions en cas de mariage mixte.